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Atelier Hache

Quand on mentionne l'Atelier Hache, on ne fait pas seulement référence à l'atelier d'un brillant maître-ébéniste mais à toute une dynastie de maîtres-ébénistes talentueux. Avec Noël, Thomas, Pierre et Jean-François, la Famille Hache compte en effet pas moins de quatre générations de véritables artistes dont la production exceptionnelle sut allier qualité et inventivité. L'Atelier Hache est ainsi un nom incontournable de la grande ébénisterie française du XVIIIème siècle...

 

Le premier de cette grande lignée de maîtres-ébénistes exceptionnel se nomme :


>> Noël Hache (1630-1675)

Fils d'un maître-boulanger de Calais, dans le Nord de la France, Noël ne souhaite pas suivre les traces de son père comme c'est pourtant courant à l'époque. Il s'initie plutôt à l'art du placage auprès d'un maître de Calais. La région est en effet sous l'influence directe des marqueteurs d'Anvers, d'Amsterdam et plus généralement du Nord de l'Europe.


On suppose alors qu'il entame un tour de France pour compléter sa formation comme il est alors d'usage. Il acquiert un véritable savoir-faire et c’est très probablement à Paris qu’il apprend la technique du placage de bois exotiques, où il excelle. Il allie le bois d’ébène avec d’autres essences de bois indigènes.


S'installant finalement à Toulouse, il s'y marie en 1657 et y reste quelque temps compagnon chez un maître menuisier, avant d'obtenir l'autorisation d'ouvrir son propre atelier d'ébénisterie. On jalouse l'excellence de ses placages qui sont alors d'ébène mais aussi de bois de santal, bois de rose, bois de violette, d'ivoire, ou encore de bois de Pernambouc (également appelé bois Brésil). Il s'éteint en août 1675, à peine âgé de 45 ans. Son fils, Thomas, alors âgé de 11 ans, reprend le flambeau. Sa veuve épouse en seconde noce un menuisier ébéniste qui reprend l'atelier toulousain à son compte.



>> Thomas Hache (1664-1747)

Si l'on suppose que Thomas fait ses premières armes dans l'atelier de son père, sous la houlette de son beau-père, il entreprend lui aussi bien vite son tour de France pour parfaire son apprentissage. D'abord à Paris où Pierre Gole, ébéniste du roi Louis XIV et virtuose de la marqueterie de fleurs, le prend sous son aile, puis à Chambéry où il découvre la technique de la scagliola, marqueterie d’incrustation où une pâte colorée est destinée à imiter la pierre dure. Il parfait ainsi sa technique et son goût pour les décors à l’italienne travaillant l’imbrication des formes et des essences de bois, les ornementations aux couleurs variées, les motifs d'enroulements végétaux, de feuilles d'acanthe, entrelacs et autres arabesques.


En 1695, il rejoint finalement Grenoble et devient compagnon chez le maître-ébéniste Michel Chevallier. Ce dernier meurt en 1697. Deux ans plus tard, Thomas épouse sa fille et reprend officiellement l’atelier de son beau-père, place Claveyson. En 1705 naît son fils unique, Pierre, qui deviendra par la suite compagnon dans l'atelier familial.


Artiste talentueux, il invente un procédé de sciage particulier qui lui permet d'obtenir de grandes feuilles de loupes, mais aussi des teintes rouges et vertes pour le sycomore, l'olivier où encore le frêne et dont le secret a aujourd’hui été perdu. Thomas a un véritable don, un sens exceptionnel de la couleur. Sa notoriété grandit et son commerce acquiert une clientèle aristocratique et princière. Ses meubles sont pourtant rarement estampillés. En 1721, Thomas reçoit finalement le brevet de Garde et Ébéniste du duc d’Orléans, alors gouverneur du Dauphiné.




>> Pierre Hache (1705-1776)

Pierre, son fils, se singularise lui dans l'atelier par ses dons pour la marqueterie et il s’engage à rester compagnon dans l’atelier paternel, afin de ne pas le concurrencer. Il réalise sur les conseils de son père d'audacieuses marqueteries chatoyantes. Il reçoit, lui aussi, le brevet de Garde des ébénistes du Duc d'Orléans et travaille dans l'atelier au côté de son père. Il appose alors une estampille avec deux fers "HACHE" et "GRENOBLE".

Le commerce familial est alors florissant. Le talent de Pierre surpasse celui de son père. Employant des loupes et des racines colorées, il créé de somptueux décors de marqueterie Rocaille et sculpte le noyer dauphinois avec talent et force de détails. Pierre épouse Marguerite Blanc et douze naissances vont alors se succéder de 1726 à 1748, trois de leurs fils deviendront eux aussi ébénistes, dont le plus connu sera Jean-François. Les commandes sont alors nombreuses et aux meubles prestigieux s'ajoutent aussi des oeuvres de menuiserie (portes cochères, sculpture sur bois...). On voit à cette époque travailler dans l'Atelier : Thomas, Pierre et le petit dernier Jean-François.

En 1747, Thomas Hache s'éteint. L'activité est toujours florissante et fait vivre aisément la vaste famille Hache. Pierre fait d'ailleurs l'acquisition d'une propriété campagnarde à Brié-et-Angonnes, témoignage de la prospérité de la dynastie. Il s'associe de plus en plus étroitement avec son fils, Jean-François.


Pour assurer la production croissante de l'atelier, il embauche plusieurs compagnons, mais organise l'atelier pour préserver les secrets de fabrication de la famille Hache, notamment celui des teintures de bois verdi ou de noyer rougi. On réserve ainsi aux compagnons les travaux de menuiserie; quant le placage, la marqueterie et les incrustations sont réalisés par le maître Pierre ou par son fils. Jusqu'en 1760, c'est la main de Pierre qui influence une production dans le style Régence, voire Louis XIV ornée de motifs à l'italienne, dans un goût un peu lourd pour l'époque.



>> Jean-François Hache (1730-1796)

Comme son grand-père avant lui, Jean-François effectue un tour de France pour compléter son apprentissage. Comme lui, il séjourne à Paris quelques mois, avant de rentrer à Grenoble et d'intégrer l'atelier familial. Pour distinguer sa production de celle de son père, il signe ses meubles de l'estampille "HACHE FILS GRENOBLE".

Dès 1760, Jean-François surpasse en virtuosité son père. Les formes de ses meubles sont plus élancées, les courbes se font plus souples, plus douces et les marqueteries sont plus géométriques.


Fortement influencé par l'ébéniste allemand Jean-François Oeben qu'il a peut-être rencontré à Paris, ou dont il a du moins pu étudier les oeuvres, on retrouve néanmoins les touches caractéristiques de l'Atelier Hache avec une utilisation de bois des Alpes, de bois fruitiers, de bois des Indes, des ronces et des loupes teintées ainsi que l'utilisation de noyer pour les massifs.




A la mort de son père en 1776, Jean-François assure la succession. C'est à cette époque que les frères Hache apposent un nom de lieu à leur patronyme. On retrouve ainsi Pierre Hache-Duchène, Joseph Hache-Contamine, Thomas Hache-Dumirail ou encore Christophe-André Hache-Lagrange. Ayant le sens des affaires, Jean-François développe encore l'activité de l'atelier en diversifiant la production d'objets domestiques et d'accessoires de décoration. En 1776, il tente de supprimer les intermédiaires en faisant l'acquisition d'une concession sur l'exploitation des mines et des forêts en Oisans. Cette entreprise fut un échec.


En 1788, il laisse le soin à son frère Christophe-André de gérer l'atelier et se consacre exclusivement à son projet de regroupement des différents ateliers Hache sur un seul point géographique : l'enclos des Bénédictins, en plein centre-ville. Cela ne lui vaudra que des inimitiés. Durant la Révolution, devant sa fortune due aux commandes des aristocrates et accusé de prévarication dans l'affaire du Clos des Bénédictins, il est considéré comme suspect et emprisonné. Bien que finalement libéré, il mourra de la goutte en 1796. Son frère Christophe-André poursuit le négoce pendant quelques années, puis met en vente l'atelier en 1801.



Retrouvez sur la Galerie de Sophie, notre table de l'Atelier Hache :




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