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L'estampille


Que se cache t-il derrière l'estampille de votre meuble ?

Tout comme chaque tableau a sa signature, chaque meuble a son estampille... ou presque !

En réalité, ce n'est qu'au milieu du XVIIème siècle qu'apparaissent les premières estampilles. En effet, jusqu'alors la tradition veut que la fabrication des meubles soit réservée aux seuls maîtres menuisiers, quant le commerce et la distribution sont des tâches qui sont elles, assurées par les maîtres tapissiers.


De nombreux procès opposent ainsi les deux partis quant à l'origine réelle de ces meubles. A qui accorder la "paternité" de ces meubles ? Qui est alors le véritable inventeur de ce mobilier : le menuisier, l'artisan ébéniste qui manipule planches de bois, clous, vernis, jour après jour ou le tapissier, le commerçant qui s'assure de trouver des commanditaires et des points de distribution pour ces meubles ?

Ainsi le 5 décembre 1637, face à la volonté des ébénistes de faire connaitre leur savoir-faire en évitant les intermédiaires que représentent les maitres tapissiers, le Parlement de Paris ordonne que chaque Maître soit tenu de "marquer de sa marque particulière" tous ses ouvrages. Une copie de cette marque apposée sur une tablette de plomb restera chez le procureur général de Chastellet.


Les fameuses estampilles des maitres menuisiers apparaissent alors sous différentes formes : rondes, stylisées ou simplement écrites en toutes lettres.


Est-ce parce que l'écriture est alors encore mal maîtrisée à l'époque ou est-ce simplement pour se démarquer des ateliers concurrents ? Il n'est pas rare de voir des noms mal orthographiés, des lettres écrites à l'envers, (on parle alors de caractères "en miroir") quand on découvre une estampille sur un meuble.


Chaque maitre-menuisier, chaque maitre-ébéniste peut alors marquer au fer ou au poinçon de fer gravé en relief le moindre meuble issu de son atelier. Au delà d'être une marque de qualité, apposer une estampille était alors une obligation légale.


Si elle doit apparaitre, elle ne doit pas pour autant être visible à l'usage et peut être dissimulée par une peinture, un marbre ou une dorure. Sur les sièges, elle se trouve généralement sur les traverses de la ceinture ou sur un montant arrière du dossier.

Sur les meubles, on les trouve sur la ceinture, sous le marbre dans un angle quand c'est possible, au dos sur un montant ou occasionnellement sur le fond du meuble.


Mais ce ne sont que des généralités car, en réalité, chaque maître apposait son estampille ou bon lui semblait. On trouve parfois l’estampille d’un ébéniste sur un tiroir !



A ne pas confondre avec la Jurande !


Composée de six jurés et d'un principal, la Jurande était l'organisme chargé de contrôler la qualité des œuvres et de régler les affaires courantes au sein de la Corporation des Menuisiers Ebénistes. Quatre fois par an, elle vérifiait la qualité des œuvres, présentes dans les ateliers, réalisées par les maîtres menuisiers.


Si elles étaient conformes, les jurés les marquaient de leurs initiales avec un fer : JME qui se traduit par :"Jurande des Menuisiers Ebénistes". On trouve ainsi souvent la marque de la Jurande à proximité de l'estampille du maitre menuisier.


Il semblerait toutefois que peu de meubles portent cette marque, que la JME soit même caractéristique de la capitale, contrairement à l'estampille. Cela s'explique par le fait que la Jurande n'effectuait ses contrôles que quatre fois par an et que seuls les grands ateliers étaient susceptibles d'avoir plusieurs ouvrages en cours.


La Révolution marque la fin du système des corporations qui réglait la vie de la majorité des ouvriers depuis le Moyen-âge. Ainsi, la suppression de l'obligation d'estampiller correspond à la suppression de la Jurande en 1790.













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