Marie-Antoinette, sans doute nostalgique de son enfance à la Cour d'Autriche où l'étiquette est beaucoup moins stricte qu'à Versailles, rêve d'un lieu idyllique où une atmosphère plus rustique, plus simple lui ferait oublier sa condition de reine...


En 1782-1783 débute à Versailles, la construction du Hameau de la Reine, dépendance du Petit Trianon.
S'inspirant des écrits de Rousseau, très populaires à l'époque, qui célèbrent un retour à la Nature, à une vie simple et rurale, le Hameau est constitué d'une douzaine de chaumières, d'une ferme, d'une laiterie, d'un moulin mais aussi de potagers, de vergers...
L'objectif de la Reine est double, car si elle souhaite avant tout échapper aux contraintes protocolaires de la Cour en s'entourant très simplement de ses plus proches amis, le Hameau a également pour elle une dimension éducative. A 27 ans, elle est alors mère de deux enfants et souhaite leur transmettre le goût des choses simples et des vertus ancestrales. Ainsi, la jeune Mousseline, future Madame Royale, jugée trop imbue de son rang par sa mère, doit ramasser les oeufs, assister à la traite des vaches et des brebis mais aussi côtoyer les autres enfants au Hameau, de plus simple condition. Car c'est un véritable village qui fourmille de personnel. Domestiques, fermiers, jardiniers... s'affairent pour que le lieu prenne vie et donne l'illusion d'une ferme coquette.
Si la construction du Hameau est confiée à l'architecte Richard Mique qui s'attache à donner aux façades extérieures un aspect rustique, les aménagements intérieurs eux, restent luxueux et sont le fruit de la collaboration entre deux ébénistes de renom : Georges Jacob et Jean Henri Riesener.
En quête de sobriété et de délicatesse pour meubler les salons de son Hameau, la Reine confie ainsi à son ébéniste préféré, Jean-Henri Riesener, la fabrication d'un bureau en bois d'amarante, de sycomore teinté et bronze doré.

Comme beaucoup de meuble royaux, il a une longue histoire et reste lié au destin tragique de sa propriétaire. Ce fut l'un des derniers meubles fabriqués pour la Reine de France. Après la Révolution, le meuble sera racheté par le citoyen Marceau, un marchand d'art pour 451 livres, une somme importante pour l'époque. Vendu par la suite à l'étranger, le bureau de la Reine appartient à la famille Rothschild à la fin du XIXème siècle. Après un passage en 1997 par la fameuse galerie Kraemer (surnommée l'Ikea des milliardaires par le magazine Forbes), il retrouve finalement sa place à Versailles en 2011.
Enfin sa place ou presque car le Hameau de la Reine ne réunit alors pas les conditions adéquates pour sa conservation. Aussi, le meuble est il exposé dans le cabinet doré, situé dans les Grands Appartements de la Reine à Versailles.
Au sein de la Galerie de Sophie, vous pourrez retrouver un petit bureau "Marie-Antoinette" qui possède de nombreuses caractéristiques du meuble d'origine : les longs pieds fuselés, le décor de bronze doré à motifs floraux sur le tiroir central et, bien entendu, les petites dimensions délicates d'une table à écrire à l'usage d'une femme.